Contexte historique et social

  •  Une société en mouvement
La reine Victoria, impératrice des Indes et surnommée ''grand-mère de l'Europe'' a régné de juin 1837 à janvier 1901. Son règne est l'un des plus longs de la royauté anglaise et aujourd'hui on nomme cette partie de l'histoire de l’Angleterre ''l'époque victorienne''. La reine a marqué son époque : la société victorienne est très austère et les différentes classes sociales sont soumises à des règles de vie en collectivité très strictes où la religion et la morale tiennent une place prépondérante.
Caldesi and Montecchi, Le prince Albert, la reine Victoria et leurs neuf enfants en 1857, 1858
Le XIXè siècle est l'âge d'or de l'empire Britannique. L'Angleterre est à la tête de nombreuses colonies telles que l'Inde ou l’Australie et commerce avec pratiquement tous les pays du monde.

Londres est alors la première place financière du monde avec son quartier d'affaires : La City. Grâce aux échanges de marchandises, l'Angleterre peut profiter d'une technologie de pointe, notamment dans le secteur industriel, en pleine révolution. La production de produits manufacturés est en pleine expansion avec par exemple les textiles et l'acier. Cette mécanisation a aussi lieu dans les campagnes réduisant fortement la population paysanne. Cet essor du domaine industriel ne fait pas augmenter les salaires, laissant les classes les plus pauvres dans leur misère, ce qui fait de la société victorienne une société hiérarchisée où il est quasiment impossible de changer de statut social.
De 1873 à 1886 a lieu l'une des Grandes Dépressions de l'histoire avec des conséquences sans précédent sur l'économie britannique : la croissance de l'industrie chute fortement tandis que la production agricole diminue. L'Angleterre perd son avance technologique et se retrouve en concurrence avec les États-Unis, l'Allemagne et le Japon.
 
Cette crise majeure est accompagnée par de violents krachs boursiers qui obligent l'Angleterre à importer de nombreuses matières premières, faisant flamber les prix de ces dernières. Pourtant, le XIXè siècle reste globalement un siècle d'expansion pour l'économie.

  •  De Charles Dodgson à Lewis Carroll

Né le 27 janvier 1832 dans le presbytère de Daresbury, dans le Cheshire, le petit Charles est le troisième d'une fratrie de onze enfants, tous gauchers et bégayant. Son père, Charles Dodgson senior, est un pasteur anglican.

Dès son plus jeune âge, Charles junior commence à prendre goût aux jeux et aux devinettes et crée des spectacles de marionnettes pour son plus jeune frère, Edwin.


Excellant dans le domaine des mathématiques, Charles rentre à la ''public's school'' anglaise Rugby en 1846, à l'âge de 14 ans. Il en garde un mauvais souvenir en raison des méthodes violentes utilisées dans l'école, méthodes répandues dans les ''public's schools'' de l'époque. Durant ses vacances, le futur auteur rédige de nombreux petits magazines où son style d'écriture et son univers étrange sont déjà omniprésents.
 

En 1851, a  19 ans, le jeune  Charles  s'installe  à Oxford  pour étudier les mathématiques. Malgré la mort de sa mère, peu de temps après, il réussit  brillamment ses premiers examens en 1852. Deux ans après, Charles Dodgson devient professeur de mathématiques ce qui coupe court à sa carrière ecclésiastique à laquelle son père avait voulu le destiner.
 

L'homme  qu'est   devenu  Charles  au  fil  des  années  se  passionne  pour  la photographie, inventée au début du siècle. Il participe notamment à une collaboration avec le magasine ''The Train'' et adopte pour la première fois le pseudonyme de ''Lewis Carroll'' en 1856. Ce pseudonyme est d'ailleurs formé par ses deux prénoms traduits en latin, Charles Lutwidge donnant ainsi ''Carolus Ludovicus'', inversés, puis de nouveau traduits, donnant ainsi ''Lewis Carroll''.
Lewis Carroll, Lewis Carroll (autoportrait), 1 janvier 1855,
 Cette même année, le photographe et professeur rencontre la petite Alice Liddell et commence à la prendre en photo avec ses sœurs, entretenant une amitié sincère avec elle. Il s'amuse à raconter aux sœurs Liddell des histoires folles avant leurs séances photos, les ravissant. Il promet d'ailleurs à Alice d'écrire l'une d'entre elles.

Lewis Carroll offre à Alice un manuscrit illustré par ses soins de Les aventures d'Alice sous terre, en 1864. C'est un prototype de ce qui deviendra Les aventures d'Alice au pays des merveilles une année après. Mais les folles écritures de l'écrivain ne s’arrêtent pas là. Alice revient dans un autre livre : De l'autre côté du miroir.

C'est avec le livre Les aventures d'Alice sous terre, que Lewis Carroll crée véritablement le non-sense avec des personnages fous aux répliques incohérentes telles que ''Pourquoi un corbeau ressemble t-il à un bureau ?'' (voir ''un univers non sensique''). Il crée par la même occasion les mots-valise, mots créés en modifiant la langue et les mots, notaments utilisés dans le poème Jabberwocky:

Illustration de John Tenniel, 1871
 Twas brillig, and the slithy toves
Did gyre and gimble in the wabe;
All mimsy were the borogoves,
And the mome raths outgrabe.

“Beware the Jabberwock, my son!
The jaws that bite, the claws that catch!
Beware the Jubjub bird, and shun
The frumious Bandersnatch!”

He took his vorpal sword in hand:
Long time the manxome foe he sought—
So rested he by the Tumtum tree,
And stood awhile in thought.
And as in uffish thought he stood,
The Jabberwock, with eyes of flame,
Came whiffling through the tulgey wood,
And burbled as it came!

One, two! One, two! and through and through
The vorpal blade went snicker-snack!
He left it dead, and with its head
He went galumphing back.

“And hast thou slain the Jabberwock?
Come to my arms, my beamish boy!
O frabjous day! Callooh! Callay!”
He chortled in his joy. 
 Lewis Carroll, Jabberwocky,
Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, 1871

Mais Lewis Carroll n'a pas écrit que des contes loufoques. Le professeur d'Oxford a écrit des ouvrages sérieux traitant de mathématiques tels que The Game of Logic.

Les ''diagrammes Carrolliens''
Après avoir écrit environ 45 ouvrages différents traitant de mathématiques ou d'aventures étranges, Charles Dodgson s'éteint en 1898 des suites d'une bronchite à l'age de 65 ans.


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